Les flammes tremblent au foyer
Devant ma table de sapin,
Je replonge dans mes pensées.
En volées traversent l'esprit
Mes illusions. Les souvenirs
Murmurent comme les grillons
Des vieux murs, à n'en plus finir,
Ou tombent lourds et caressants,
S'écrasent dans mon âme triste,
Comme tombent les rares gouttes
De cire ardente aux pieds du Christ.
Dans les recoins noirs de ma chambre
Il y a des toiles d'araignée
Et parmi les livres accourent
Les souris à la dérobée.
Dans cette douce paix je lève
Mon regard vers le plafond
Et je les écoute ronger
Les vieilles feuilles à foison.
Ah, que de fois n'ai-je voulu
Accrocher bien ma Iyre au clou,
Mettre fin à la poésie
A ce cafard qui me dissoud;
Mais alors grillons et sourit
A bonne allure, tendrement
Ramènent ma mélancolie,
Qui te change en vers ondoyant.
Parfois... trop rarement hélas...
Quand la lampe combat la nuit,
Mon coeur rebondit tout d'un coup
Quand j'entends que s'ouvre mon huis...
C'est Elle. Ma maison déserte
Se remplit soudain et s'éclaire,
Au seuil noir de ma triste vie
C'est une icône de lumière.
Et je me révolte du fait
Que le temps ne peut s'arrêter,
Quand mains en mains et bouche en bouche
Nous murmurons des mots charmés.